Retour à la page précédente LE GHOUBBET, un lieu d'occupation préhistorique PRÉSENTATION
Le site du Ghoubbet,
présentation

Les amas

Les tombes

La céramique

Le pic


© 2003 - Benoît Poisblaud
Crédit photographique Benoït Poisblaud
Le golfe du Ghoubbet est une région où la vie est difficile à imaginer. Seuls une palmeraie et quelques acacias apportent ombre et verdure parmi les orgues de basalte.
Les points d’eau douce sont rares et les oueds demeurent secs une grande partie de l’année.La température dépasse le plus souvent 30°c, en hiver… Les vents constants proviennent de la mer pendant cette saison, des terres désertiques en été. La seule présence humaine est constituée par les pasteurs afars qui ne font que le traverser.
Des traces d’occupations préhistoriques ponctuent pourtant le rivage du golfe, jusque sur l’île de Guinni Koma. Elles sont discrètes pour qui n’en connaît pas la nature. Ces structures sont disposées dans de nombreux endroits, au milieu d’un outillage de pierre dispersé et de céramiques anciennes.

La première note sur ces installations revient au Père Teilhard de Chardin qui, en 1939, attirait l’attention sur "une curieuse série de pics" retrouvée entre Assal et Ghoubbet par R. Wernert. Depuis, les découvertes ont été épisodiques. Il faut attendre les observations d’A. Robin en 1972, et surtout la recherche de R. Joussaume à partir de années 1980 et les travaux de B. Poisblaud à partir de 1999 pour voir une reprise des études dans le golfe.

La structure la plus visible est formée par des taches jaunes plus ou moins importantes. Elles sont près de 30 sur tout le pourtour, dont trois sur la face ouest de Guinni Koma. Ce sont des amas coquilliers anthropiques, résultats de rejets anciens de nourriture. Ils sont le plus souvent associés à un outil emblématique dans le Ghoubbet : le pic, présent par dizaines dans certains sites. Une industrie microlithique, constituée principalement de segments plus ou moins réguliers, réalisés sur rhyolite ou obsidienne, se mêle souvent à cet outillage.

Les dernières fouilles ont permis de mettre en évidence une série de foyers sous ou à proximité de ces amas. Il marque une activité de boucanage de poissons.

Les industries du Ghoubbet
Le Guinni Kôma
Les plus nombreuses sont les tombes, de différentes formes et de différentes époques. Constituées exclusivement de pierres, elles se fondent dans le paysage rocailleux.

Les structures les plus discrètes restent les cercles de pierres dont l’aspect rappelle l’habitat afar, la dabboyta. Ils s’en distinguent par une seule ligne de pierres, au lieu de deux, même si la fonction de base d’une hutte pourrait être identique. Des tessons de céramique sont souvent dispersés autour et dans ces structures sans avoir de liens directs assurés.

Des foyers domestiques ont aussi été repérés, sans structure circulaire à proximité. Ils représentent une aire de vie différente, sans encore d’élément archéologique associé. Seuls les charbons dateront cette occupation dans cet ensemble de structures encore difficiles à placer dans le temps.

Cercle de pierres
Ces installations sont spécialisées, fréquentées temporairement, pour des activités particulières, placées dans le 3ème millénaire av. J.-C.. Elles traduisent une pratique ancienne de la pêche (voir amas). Les pics auraient servi à la collecte du sel, encore présent à proximité, au lac Assal, mais peut-être aussi dans le Ghoubbet par le passé. Elles semblent fréquentées au moins par le groupe familial (voir tombe). Cependant, la découverte d’un second groupe culturel dans le Ghoubbet (voir céramique) ne permet pas d’associer toutes les structures à une seule population, et peut-être aussi à la même période. Le rapport entre les deux types n’est pas encore défini, mais il ne change cependant pas le modèle de vie imaginé des groupes du Ghoubbet.

Ces activités sont réalisées pour des populations qui vivaient dans les montagnes où la vie était plus favorable. La découverte récente de deux sites de la même culture dans le Day, au Nord du golfe, vient le confirmer. Elle étend le territoire de cette population sans en connaître encore les limites. Cet environnement plus favorable a dû alors permettre d’autres activités pour subvenir aux besoins.

Le statut économique des groupes n’est cependant pas encore connu. La pêche avait sans doute une part importante dans l’alimentation, mais est-ce la chasse et/ou l’élevage, et l’agriculture, qui formaient le régime principal ?


Bibliographie.

Poisblaud 1999 : POISBLAUD (B). - Les sites du Ghoubbet dans le cadre de la Préhistoire récente de l’Afrique de l’Est. Thèse université de Paris Panthéon - La Sorbonne, 2 vol., 460 p.

Poisblaud et coll. 2002 : POISBLAUD (B.), BERNARD (R.), CROS (J.-P.), DUPONT (C.), JOUSSAUME (R.) – Le site de Dankalelo. Annales d’Ethiopie n°18.

Robin 1972 : ROBIN (A.) - Les pics du Ghoubet Kharab. Pount, t. 10, p. 23-32.

Teilhard de Chardin et all. 1939 : TEILHARD DE CHARDIN (P.), BREUIL (H.), WERNERT (P.) - Les industries lithiques de Somalie Française. L'Anthropologie, t. 49. p. 497 - 522.

LE GHOUBBET PRÉHISTORIQUE - © 2003 - Benoît Poisblaud
GÉOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI

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